Nous décidons de profiter du soleil pour explorer un peu les environs de Buenos Aires, en particulier le delta fluvial de Tigre. Mais avant, il nous faut envoyer un colis en France pour décharger nos sacs puisque nous ne pourrons pas transporter plus de 15kg chacun en soute lors du vol vers Ushuaïa. Bonne surprise, c'est très bon marché depuis l'Argentine, les paquets voyageant à nouveau par voie maritime. Beaucoup plus long c'est sûr, mais ça ne nous importe peu. En revanche la file d'attente (car un seul bureau dans toute la ville pour les envois internationaux) est interminable...
Débarassés de ce soucis, nous prenons le train pour Tigre où nous arrivons trois quart d'heure après. Cette petite ville est le point de départ pour explorer le canal (rien de plus simple une fois sur place) soit à bord de catamarans, soit à bord de bateaux en bois qui font la navette entre différents endroits des bras d'eau.
Nous choisissons cette dernière option qui nous semble plus conviviale, et puis on aime bien ces gros bateaux en bois... Il suffit ensuite de s'arrêter en route puis, quand on le souhaite, puis de remonter sur les petits pontons en bois en attendant que repasse un bateau dans l'autre sens.
Le delta fluvial s'étend, aux confluents du Rió Paraná et du Rió de la Plata, sur pas moins de 30 km sur 30 km. Sur les rives de ces nombreux canaux résident des centaines d'habitants pour qui le bateau est bien plus utile que la voiture !
Pour être franc, la balade est sympa, la végétation très belle mais cette excursion est à notre sens loin d'être incontournable. Seulement pour ceux qui, comme nous, en ont le temps ! On se balade une heure sur le fleuve, on s'arrête un moment pour profiter du soleil et boire un verre puis retour dans l'autre sens en compagnie des habitants du delta qui sont nombreux à utiliser ces bateaux qui correpondent aux bus sur la terre ferme.
A peine arrivés, la pluie nous rattrape et nous accompagne jusqu'au centre de Buenos Aires. Avant de rentrer, il nous faut encore marcher jusqu'aux terminaux des ferrys pour nous renseigner sur les horaires des bateaux pour l'Uruguay, on s'en serait passé sous cette pluie battante !!!
Le lendemain, nous nous joignons à une excursion organisée pour aller visiter une estancia. C'est effectivement l'unique solution (dans cette région du pays du moins) pour avoir l'occasion d'entrer dans ces ranchs immenses situés dans la pampa, larges plaines argentines où sont réalisées les cultures et surtout élevés les bovins essentiels à l'économie du pays. C'est donc d'ici que provient la viande succulente que l'on mange dans ce pays... on se régale d'avance !
Bon, on savait que c'était une excursion et qu'il y aurait des touristes, mais à ce point là , on imaginait pas ! En plus de notre groupe, ce sont plusieurs autres cars qui arrivent et déposent des centaines de personnes devant l'estancia Santa Susana. Si vous voulez un tant soit peu d'authenticité, c'est râté. Mais bon, maintenant qu'on est là ...
De toute façon il faut prendre cette visite pour ce qu'elle est : une reconstitution de la manière dont vivaient les gauchos, ces gardiens de bétail qui règnaient sur les estancias et les vastes étendues de la pampa jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle. Aujourd'hui, si les estancias sont toujours le poumon du pays, les vrais gauchos ont disparus au profit des paisanos (gardiens de troupeaux) en 4x4, qui sont loin de dégager la même prestance, la même force de caractère, d'indépendance et le mépris de la légalité qui caractèrisaient les gauchos. Nous commençons par visiter l'estancia à présent en partie transformée en petit musée rassemblant les costumes qui étaient portés à cette époque, les outils de travail, etc...
Au programme de la journée, balade à cheval accompagnée par ces cows-boys à l'allure noble et aux tenues si particulières qui entretiennent la légende...
Et en tout cas le sens de l'hospitalité, ici, ils connaissent ! Vous avez à peine fini votre verre de vin qu'on vous en amène un autre, quant au repas... délicieux (jamais vu un barbecue aussi géant que celui-là !!!). Les bouteilles de vin coulent à flot, on comprend mieux l'appelation "fiesta gaucho" de l'excursion. Ne nous reste plus qu'à faire abstraction pour une journée de l'aspect authenticité et à nous laisser imprégner par l'ambiance tout en trinquant avec nos voisins de tablée plutôt sympathiques...
Puis spectacle de danses gauchos et de tango, de qualité certes même si on a un peu du mal à se mettre dans l'ambiance.
Ensuite, nous sortons admirer les cavaliers qui nous démontrent leur capacité à rassembler le bétail et à maîtriser leurs montures en un rien de temps ... Les gauchos (terme signifiant orphelin), ces hommes rejetés par la société qui ne connaissaient pas de frontières dans la Pampa et y gardaient le bétail habillés de bombachas (pantalon de toile plissée, serrée à la cheville), d'une large ceinture (tirador) agrémentée de pièces d'argent, de boladoras (lassos) et ne se séparaient jamais de leur couteau enfoui à la ceinture, représentaient le symbole de l'homme libre qui méprise les convenances sociales et les préjugés. Leur esprit fier, indépendant et orgueilleux faisait d'eux des hommes rejetés mais respectés et craints.
Finalement, la journée sera passée assez vite. Dommage que ce soit l'unique façon (pour cette région du moins, on espère visiter d'autres estancias moins tournées vers le tourisme) d'approcher ces ranchs à l'argentine, ranchs pourtant intéressants puisqu'ils perpétuent des traditions encore bien ancrées dans les mémoires des Argentins.