Difficile de quitter l'océan et de monter dans le bus qui nous conduit à Lima, la capitale du pays. L'ambiance est à la nostalgie, l'heure du retour approche à grand pas et, si nous nous réjouissons pourtant à l'idée de revoir nos proches, il faut bien admettre que nous n'avons aucune envie de rentrer... Nous regardons les paysages défiler par la fenêtre alors que des émotions contradictoires nous envahissent : la sensation d'avoir vécu pleinement et jusqu'au bout cette aventure, l'envie de profiter à fond des dernières émotions tout en ayant l'impression d'avoir déjà un pied en France...
C'est volontairement que nous n'arrivons à Lima que la veille de notre départ, ayant préféré passer plus de temps dans des coins plus naturels que dans cette gigantesque mégalopole. Nous rejoignons le quartier tranquille de Miraflorés et, vu que tout est complet, nous offrons un dernier luxe (20 euros, ça va !), une chambre immense avec un superbe jacuzi pour fêter notre départ, une fois n'est pas coutume ! Mais entre deux ploufs il faut bien finir les sacs...
Le lendemain matin ça y est, nous voici à l'aéroport et je crois que nous n'avons jamais eu autant de mal à monter dans un avion. Un geste qui signifie la fin de cette aventure, le fait que la boucle est bouclée... Accepter de laisser un an de bonheur et de liberté derrière nous, le pas est difficile à franchir...
Le trajet est très long (et 12h sans avoir rien à faire - pas de films, rien - et avec des gamins qui braillent sans cesse, ça paraît encore plus long !) et, lorsque nous arrivons enfin à Madrid à 5h le lendemain matin, il nous reste à patienter jusqu'à 18h pour prendre un dernier vol pour Genève. Nous sommes épuisées et, comme de nombreux autres voyageurs, dormons quelques heures à même le sol dans l'aéroport, nous ne sommes plus à cela près ! La journée finit lentement par passer... C'est parti.
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Arrivés à l'aéroport de Genève, tout le monde parle français autour de nous, l'impression est très spéciale, déroutante ! D'ailleurs, durant quelques jours, les mots nous viendrons bien souvent en espagnol dans les commerces... Heureusement des visages connus nous attendent, merci les potes d'être venus nous chercher ! Mais comment vous résumer un an de voyage ? L'impression est étrange, on ne sait pas par où commencer et, comme bien souvent durant les mois suivants, nous préférons prendre des nouvelles des gens que nous aimons plutôt que de parler de nous.
D'ailleurs cette impression nous restera longtemps, la difficulté de résumer cette aventure. Que répondre quand on vous demande : alors, comment c'était ? Quel pays avez-vous préféré ? Comment mettre des mots sur autant de sensations, de paysages magnifiques, de rencontres ? Comment expliquer que la vraie vie pour nous c'est ça, c'est le voyage, l'inconnu, la découverte, la liberté au quotidien ? C'est difficile et, durant quelques semaines, nous nous sentirons quelque peu en décalage avec la vie française... Il nous est plus facile de raconter notre périple lorsque les gens nous parlent d'un pays ou d'un lieu en particulier, lorsque les questions sont un peu plus précises.
Pourtant ce n'est pas que nous oublions, loin de là . Au contraire, ce voyage reste omniprésent dans nos esprits, nous le faisons perdurer en finissant ce site, en regardant et triant les photos, en déballant surtout avec un plaisir enfantin tous les colis que nous nous sommes envoyés... On est comme des gosses alors, redécouvrant des objets envoyés parfois presque un an auparavant, revivant des scènes, et on passe la nuit comme des gamins à trier, penser, profiter de ce plaisir de retrouver ces objets.
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Après quelques semaines à se réadapter au décalage horaire et revoir avec émotion nos proches, nous nous posons un peu, reprenons doucement nos marques. Retour au boulot pour moi, aux recherches pour Oliv, au réaménagement de notre chez nous... Quelle étrange impression de redormir tous les soirs au même endroit, de ne pas chercher d'hôtel, de ne pas découvrir chaque jour un nouvel environnement... Pourtant nous ne sommes pas tristes ou déprimés, loin de là ! Le retour à la vie française a aussi plein de bons côtés, nous partons voyager pour découvrir d'autres lieux mais non pour fuir la France où nous avons une vie qui nous plait.
Alors, quand est-ce que vous repartez ? Voici une phrase que nous entendons tous les jours. Oui, nous repartirons, notre envie d'ailleurs est toujours aussi forte, voire plus, pas de doutes ! Mais prenons d'abord le temps de savourer le retour et ses joies, de revivre ce voyage depuis la France, de nous revoir en pensée dans les différents pays et lieux, de faire un peu le tri dans tout ce que nous avons vécu, parce que pour nous les plaisirs du voyage sont autant dans la préparation et le souvenir que dans le voyage en lui-même. Après, oui, pas de doutes, nous repartirons...