Les bus sont le plus souvent confortables au Brésil, et les heures passent sans s'en apercevoir... Six heures pour rejoindre São Paulo depuis Paraty, puis encore six heures pour arriver à Curitiba. Etonnant comme on supporte bien les longs trajets en voyage, les dix ou douze heures de bus font partie du quotidien, alors qu'on s'en plaindrait en France. Les paysages, d'abord les bords de mer puis la végétation verdoyante, sont en grande partie cachés par le brouillard et la pluie.
Nous reste la musique et les livres pour passer le temps. Compagnons de voyage fantastiques, ceux-ci, au fil du voyage, se sont diversifiés. Finis depuis longtemps les gros livres épais choisis avec soin avant le départ, troqués petit à petit contre d'autres au hasard des rares guesthouses ou librairies d'occasions qui proposent des échanges et disposent de quelques ouvrages en français laissés par d'autres voyageurs. Parfois loin de ceux que l'on aurait choisi, c'est plutôt eux qui nous choisissent et continuent avec nous un bout de chemin souvent déjà long, dans d'autres bus bien loin d'ici, comme en témoignent les marques de lieux et dates laissés par leurs anciens propriétaires...
22h, nous arrivons sans en avoir l'air à Curitiba et, vu l'heure, nous installons rapidement dans un hôtel plutôt sympa en face de la gare. Le lendemain, grasse matinée puis nous découvrons une ville moderne, propre, à l'architecture étudiée, riche et de style plutôt européenne. Si la pauvreté et la précarité se font encore sentir dans le sud, nous sommes pourtant très loin de la pauvreté infinimment plus visible et palpable dans les villes du nord du pays. Le sud est plus développé, riche, beaucoup moins métissé aussi, nous voici presque dans un autre Brésil. Ce n'est pas pour nous déplaire car il faut bien avouer qu'au nord un certain sentiment d'insécurité accompagne souvent les maux sociaux, et que, même si c'est dommage, on ne s'y sent du coup pas toujours bien.
Nous renonçons à visiter les principaux sites touristiques, bâtiments à l'architecture moderne notamment, car assez éloignés du centre-ville, et nous limitons à celui-ci. Le soleil (de retour, ouf !), les terrasses, les rues pavées, l'animation et les différents marchés et stands divers qui se sont mis en place en ce début de semaine sainte rendent la visite bien agréable.
Le lendemain, nous embarquons dans un train touristique, destination Morretes. En fait, ce n'est pas la destination qui nous intéresse (car nous reviendrons presque de suite à Curitiba), mais le voyage en train en lui-même, ce train très lent et touristique qui traverse la Sierra da Graciosa.
Trois heures nous mènent, d'abord de paysages plutôt habituels, vers des lieux vertigineux, immenses canyons et sommets à pics qui nous encerclent sans prévenir. Et, à perte de vue, une végétation dense et magnifique... C'est impressionnant même si les passages intéressants sont courts par rapport aux trois heures que dure le trajet.
Heureusement, d'autres passages nous permettent également de nous enfoncer complètement parmi une nature intacte : arbres verdoyants, palmiers, citronniers, bananiers, très gros papillons aux ailes d'un bleu ou violet flamboyant...
Un voyage sympa, même si ce n'est pas forcément incontournable selon nous. Nous rentrons en bus à Curitiba, ayant renoncé à nous rendre à l'Ilha do Mel (il fait à priori trop froid ici à cette époque pour pouvoir se baigner).
De retour à Curitiba, nous flânons au marché municipal. Rien à voir avec le bronx et les senteurs des marchés du nord (Manaus par exemple) ; celui-ci est propre, plus ordonné, beaucoup moins vivant. Néanmoins, on adore y farfouinner à la découverte de milles plantes médicinales, épices et fruits méconnus, tabac à base d'écorce, feuilles à rouler en maïs séché... Partout s'y vend également, en vrac dans de grands paniers, cette herbe verte séchée ou moulue qui servira à préparer le maté, boisson chaude traditionnelle qui, empruntée aux Jésuites, est devenue très populaire au sud du Brésil et en Argentine.
Plus loin, une vieille librairie d'occasion qui possède quelques ouvrages qui ont fait la guerre en français, une poste, quelques stands, un petit coin pour manger... puis il est déjà temps de rentrer, demain matin nous partons tôt pour les célèbres chutes d'Iguazu, étape que nous attendons avec impatience !