Le Machu Picchu, une image connue mondialement, une visite impossible à manquer (malgré le prix) pour qui voyage au Pérou et s'intéresse à la civilisation inca... Ayant passé la nuit à Aguas Calientes, la "ville" la plus proche du Machu Picchu, et étant donné que nous y dormirons une nuit de plus après la visite, noua avons devant nous toute une journée pour profiter du site. Ce n'est pas indispensable (la visite prend une demi-journée environ) mais préférable pour éviter (un peu seulement) la foule touristique, et nous ne regretterons pas notre choix.
Pourtant nous ne partons pas par le premier bus de 5h30, il parait que le lever du soleil sur le Machu Picchu n'est pas franchement inoubliable. Nous y arrivons donc vers 8h après un court trajet dans l'un des nombreux bus qui assurent continuellement la navette à travers les paysages magnifiques de la jungle (quel changement de climat et de végétation !).
D'emblée, la vue sur cette cité perdue est saisissante... Le cadre, au milieu des montagnes, est réellement splendide et sauvage et les ruines dégagent un charme mystérieux. Nous avions un peu peur, ayant vus tellement de photos avant de partir, d'être quelque peu déçus par le lieu, et bien franchement c'est tout le contraire, bien plus impressionnant qu'on l'imaginait !
Construite en 1438 par les Incas, cette cité accueillait environ 1800 personnes au temps de son apogée, essentiellement des responsables religieux et administratifs et surtout des agriculteurs qui élaborèrent un système de cultures en terrasse et d'irrigation d'eau très élaboré. En effet, nous sommes ici en pleine jungle (attention les moustiques d'ailleurs, c'est l'invasion !) et la pluie tombe en torrents à certaines époques de l'année.
Nous choisissons de nous joindre à une visite groupée de deux heures, solution intéressante pour profiter des connaissances du guide tout en ayant le reste de la journée pour visiter davantage le site de manière indépendante. Le guide nous conduit ainsi vers les principaux édifices, notamment le quartier des nobles, mais en fait nous en retiendrons surtout la magnifique cérémonie traditionnelle qui nous y accueille, des hommes habillés traditionnellement soufflant dans des conques (gros coquillages). Moment magique que ces sons mystérieux qui résonnent dans ce lieu énigmatique...
Nous découvrons pas à pas cette cité inca dont on ne connait pas exactement le rôle historique. Etait-ce une capitale religieuse ? Un lieu de culte consacré au Dieu Soleil ? Une forteresse pour se protéger de l'invasion des tribus d'Amazonie ? Le dernier refuge des Vierges du Soleil ? Une résidence secondaire des souverains Incas qui vivaient ici avec leur cour ? Difficile à dire même si la dernière hypothèse, lorsque l'on visite le palais royal et le tombeau royal (peut-être le tombeau d'un grand Inca), semble intéressante.
Les Incas vivaient ici selon une organisation très ritualisée et symbolique où certains animaux, comme le condor, étaient très importants. Ainsi cet animal représente-t-il le monde des Dieux (alors que le puma représente le monde terrestre et le serpent le monde souterrain, celui des morts) et, dans le quartier des "Prisons", lieu de sacrifice, on distingue nettement un condor dont les ailes se déploient en deux gros rochers alors que la tête, gravée dans une roche plate et tournée vers le soleil levant, est coupée par petit canal destiné à laisser couler le sang qui va ainsi nourrir la Terre-mère.
Il y a du monde sur le site, mais la plupart des touristes arrivant en train directement de Cusco vers 11h, il n'y a pas foule non plus ce matin, nous sommes loin des 2000 personnes qui se croisent ici les jours d'affluence et mettent d'ailleurs en danger ce sile puisque selon l'Unesco il ne faudrait pas plus de 800 personnes par jour... Difficile d'accepter que pour le moment et pour longtemps encore certainement, la logique économique prime sur celle de la conservation, avec pour conséquence de mettre en péril un site d'une telle importance.
On en viendrait presque à regretter que ce lieu fut finalement découvert... Car il faillit bien rester secret à jamais, tellement perdu et perché dans la montagne (il fallait des jours pour y parvenir à pied) que Francisco Pizarro, l'envahisseur espagnol qui attaqua Cusco, la capitale Inca, ne découvrit jamais cette cité perdue. Elle fut cependant abandonnée à cette même époque par les Incas qui, ayant appris l'arrivéee des Espagnols non loin, craignèrent une attaque et s'enfuirent en laissant derrière eux cette ville qui restera abandonnée durant trois siècles. Ce n'est qu'en 1911 (alors que la présence d'une cité secrète était connue et recherchée depuis longtemps) qu'un archéologue découvrit le Machu Picchu. Quelle surprise ce fut pour lui de constater qu'un couple d'Indiens vivant des cultures en terrasses habitait pourtant ici !
Les Incas ne vécurent donc ici que l'espace d'un siècle environ. Ils respectaient alors un mode de vie très ritualisé, tout s'organisant autour du cycle des astres, des observations rigoureuses du ciel depuis l'lntihuatana ("lieu où l'on attache le soleil"), en fait un observatoire astronomique (contenant un superbe calendrier solaire) leur permettant, pense-t-on, de connaitre avec précision les dates des solstices et ainsi d'organiser chaque année, à date fixe, des cérémonies rituelles en l'honneur du Dieu Soleil. La religion et notamment les hommages et sacrifices dédiés aux Dieux, de même que la momification, étaient ainsi des pratiques essentielles pour les Incas.
Le site, malgré le tremblement de terre qui endommagea certaines ruines en août 2007, est magnifiquement conservé, c'est un régal d'arpenter ces édifices si riches culturellement ! Une fois de plus nous restons admiratifs devant l'architecture inca si précise et compliquée, certaines pierres comptant pas moins de 22 et même 32 angles !!!
Deux heures avec un guide et le reste de la journée pour arpenter davantage le site, c'est l'idéal pour profiter pleinement de ce lieu magique... Nous aurions pu grimper également au sommet du Wayna Picchu ce matin (seules les 450 premières personnes à s'inscrire chaque jour peuvent y accéder) pour avoir une vue du site d'en haut, mais le climat est moite et étouffant et nous préférons nous attarder parmi les ruines et surtout au mirador d'où la vue sur le site est simplement inoubliable !!! Nous y restons longuemment, conscient d'être sans nul doute assis à contempler l'un des sites les plus grandioses au monde... Moment indescriptible, alors laissons parler les photos...
La journée touche à sa fin, nous en avons pris plein les yeux et, non sans nous retourner 100 fois pour une dernière vue magique, redescendons lentement vers les bus. En chemin, nous croisons quelques lamas, peu nombreux en vérité. En fait presque tous leurs compagnons, amenés depuis l'Altiplano (à plus de 4000m d'altitude), sont morts car ils n'ont pas supporté l'herbe trop tendre à "seulement" 2500m ! Leurs dents se sont déchaussées et ils ont attrapé différentes maladies, tout ça pour permettre aux touristes de prendre une photo... pas très naturelle en fait...
Des images plein la tête, un rêve de plus de concrétisé, une journée parmi les plus inoubliables de ce voyage... A dix jours du retour, à découvrir encore des sites indescriptibles comme celui-ci, on peut vous dire qu'on aime plus que jamais voyager !