Les marchés colorés de Bolivie, voici bien l'une des raisons qui nous a poussé à venir découvrir ce pays... Ne voulant pas manquer celui de Tarabuco qui a lieu uniquement le Dimanche, nous avons fait en sorte d'être à Sucre ce jour-là . Le bus touristique part vers 9h du matin et nous conduit, à travers une heure trente de route montagneuse qui en elle-même est déjà tout un voyage, jusqu'au village de Tarabuco.
Les marchés du Guatemala et du Mexique nous avait ravis, celui-ci est bien sûr différent mais tout aussi fantastique, c'est un autre monde, une autre culture qui s'offre à nous, un vrai dépaysement culturel. Le marché est relativement petit, quelques rues seulement autour de l'église, mais pour cette occasion les Indiens Yampara arrivent toutes les semaines des environs par dizaines, à pied ou en camion.
Le marché se divise plus ou moins en deux parties, celles des ventes d'artisanat destinée aux touristes et celle du marché alimentaire, bien sûr beaucoup plus typique. N'ampêche, il est également très agréable de chiner parmi toutes les confections que proposent les Indiens.
Dans les quelques rues marchandes s'alignent des dizaines de boutiques toutes plus tentantes les unes que les autres, on y trouve toutes sortes d'articles, des grands sacs ou de petites bourses pour ranger les feuilles de coca, des châles colorés, des vêtements pour adulte ou bébés, des bonnets et chaussettes en alpaga, des objets d'artisanat divers et des tissus aux motifs représentant l'histoire des tribus, des pièces qu'il aura parfois fallu des mois pour tisser à la main.
Certaines de ces confections sont magnifiques (notamment les "tarabuco", tissus rouges et noirs ornés d'animaux mythiques et de figurines si délicatement brodées qu'on dirait du travail réalisé à la machine), un réel plaisir pour les yeux, un festival de couleurs et nous aurions envie de tout ramener pour revivre un peu des émotions qui nous assaillent ici une fois rentrés en France...
Les touristes sont très nombreux ici, la cohabitation avec les Indiens n'est pas toujours évidente, ceux-ci en ayant quelque peu marre des photos et, même si nous en prenons comme tout le monde (de loin, en essayant de ne pas déranger ou avec l'accord de la personne), difficile effectivement de ne pas les comprendre. Les contacts se font plus naturellement sans appareil photo, c'est sûr. Mais malgré l'affluence touristique ce marché reste authentique, les traditions bien vivantes et nous y observons notamment de nombreuses femmes en train de faire de la sorcellerie avec des objets qui nous semblent bien étranges (pierres, épices, savons...).
Le lieu le plus authentique et coloré reste sans aucun doute le marché des fruits et légumes, ou les Indiens sont enfin bien plus nombreux que les touristes et vaquent à leurs occupations sans s'occuper de nous. Des dizaines de femmes habillées traditionnellement, les cheveux longs nattés en deux grosses tresses leur tombant jusque sur les reins, viennent ici s'approvisionner pour la semaine et manger sur le pouce.
Les bonnes odeurs envahissent les lieux et émoustillent les papilles, les couleurs des épices attirent le regard et s'asseoir en observant toute cette vie si loin de la notre restera certainement l'un des moments forts de notre voyage en Bolivie.
Nous cherchons à retenir chacun des visages, des expressions, chaque allure de ces personnes qui vivent encore selon des traditions qui nous sont totalement étrangères. En fonction de la tribu à laquelle ils appartiennent, les Indiens portent des chapeaux de formes différents et des habits dans des tons également variés. Certains portent des chapeaux noirs très hauts et finement ornés, d'autres des sortes de casques en fer appelés "montera" qui leur entourent complètement le visage... En tous les cas tous possèdent une réelle prestance et nous leur envions la force de leur identité culturelle, même si la pérénité de celle-ci est bien souvent menacée et les conditions de vie de ces personnes très difficiles.
Comme toujours sur les marchés ce sont surtout des femmes que nous croisons, femmes portant toutes de larges bandeaux colorés dans le dos leur servant à porter leurs enfants en bas-âges ou diverses marchandises. Pourtant les hommes sont bien présents aussi, cherchant à vendre aux touristes les plus beaux tissus de leurs tribus.
Après cette journée, c'est sûr, nous ne regretterons même pas la nuit de bus épouvantable pour venir jusqu'à Sucre ! 13h30, l'heure de repartir avec le minibus, des visages et des couleurs plein les yeux, le sentiment que les images que nous avons tous quelque part en nous de l'Amérique du Sud se trouvent ici, quelque part en Bolivie, loin des pays bien plus développés et moins éloignés de nous culturellement que ne le sont le Chili ou l'Argentine...