Nous mettons environ une heure trente pour rejoindre Abra Pampa depuis Humahuaca, et oui, pauses photos obligent ! Nous croisons la piste qui, en trois heures, mène au petit village d'Iruya mais ne l'empruntons pas, en raison des distances mais surtout parce qu'apparemment ce n'est déjà plus le petit village typique d'il y a quelques années.
La route 9 vers Abra Pampa est vraiment belle et nous croisons enfin les premiers lamas, du coup nous nous arrêtons sans cesse (en fait nous en verrons aussi des centaines les jours suivants !). Les locaux doivent nous trouver un peu bizarres de photographier ces animaux domestiqués et courants ici, imaginez si les étrangers photographiaient les vaches, poules et cochons chez nous...
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Il fait presque nuit lorsque nous arrivons dans ce bourg très gris qui nous apparaît assez sordide dans un premier temps. Après avoir tourné un bon moment, nous trouvons une chambre pas si mal que cela si on fait abstraction de l'absence de chauffage et de l'eau chaude qui se fait rare (à plus de 3700m d'altitude, la nuit ça caille réellement !!!). Impossible de se balader sans la polaire même dans la chambre, puis, dans la petite gargotte où nous mangeons un sandwich, nous nous serrons près des locaux vers le seul poële qui réchauffe vaguement la pièce. N'empêche, malgré l'inconfort et le côté un peu triste de la ville, nous sommes ravis de trouver un peu d'authenticité et des contacts avec une population locale moins habituée aux touristes.
Qu'est ce que ça caille ce matin !!! Heureusement nous nous habituons bien à l'altitude, un peu de gêne pour respirer hier soir mais aujourd'hui ça semble déjà passé, peut-être grâce aux feuilles de coca (dont la vente et la consommation est tout à fait légale ici) que nous avons acheté sur les marchés et chiquons de temps à autre. D'après les Indiens il n'y a rien de mieux pour lutter contre le mal d'altitude.
La route pour rejoindre la lagune de Pozuelos est praticable avec une voiture normale, chouette... Sauf qu'il nous faut d'abord acheter de quoi pique-niquer car là -bà s, il n'y aura rien. Faire la queue à la boulangerie d'Abra Pampa et acheter du jambon au marché restera l'un des moments les plus simples mais aussi les plus trippants du voyage... Gestes anodins au milieu des Indiennes qui parlent une langue inconnue et semblent avoir 1000 ans tant elles sont ridées, courbées et emmitouflées dans leurs couches de vêtements. Jupes larges, bas en laine, chapeaux en feutre (ou bonnets adidas, on adore, même si le mieux c'est encore les lunettes de soleil au bout du nez qui jurent avec les habits traditionnels, le choc des cultures !) regards un peu interrogateurs en ma direction (et oui, pas grand monde ne s'arrête ici !), sourires en m'entendant me dépatouiller en espagnol, de ces moments que l'on recherche en voyage... Par contre c'est trop délicat de prendre des photos, en voici seulement quelques-unes prises discrètement depuis la fenêtre de la chambre.
Allez, le plein d'essence et c'est parti... Euh, oui... sauf qu'il n'y a plus d'éléctricité nulle part et donc la pompe ne marche pas. Ah, bon ben on va attendre et prier... Dans le petit bar de la station, un enfant qui dort dans un coin sur un matelas à même le sol se plaint que la télé ne marche plus. Mais si, une heure après c'est reparti et cette fois on peut enfin prendre la route ! Juste au début de la piste qui mène à la lagune se trouve un tout petit étang abritant des flamants roses. Au final, ils sont plus facilement observables de près ici qu'à la lagune car ils ne peuvent pas reculer tant l'étang est petit, un bon plan si vous n'avez pas le temps d'aller jusqu'au lac de Pozuelos !
La route ( la "grande route" direction Riconada, il parait aussi qu'il y a une piste qui rejoint Pozuelos à La Intermedia, mais franchement on ne l'a jamais trouvé !) est en fait une piste consolidée. Ca secoue mais il n'y a effectivement aucun soucis avec une petite voiture (à la saison sèche s'entend). Les lieux sont beaux et les lamas qui vivent par dizaines ici se laissent approcher sans trop d'appréhension.
Nous ne croiserons aucun touriste (mais où sont-ils ?), seuls quelques locaux et bergers qui rassemblent leur bétail. La route est relativement longue (un peu moins de 2h aller) et fatiguante mais non lassante car les paysages de l'Altiplano sont variés.
La lagune apparaît en arrière plan, derrière les lamas, et les rangers du parc nous indiquent une piste à suivre en voiture sur 6 km (si vous venez en bus, possible nous a-t-on dit depuis Abra Pampa, il reste ces 6 km à faire à pied, soit 12 aller-retour et franchement ça cogne), puis il restera un kilomètre à parcourir à pied pour approcher les flamants roses.
Les animaux sont encore bien plus nombreux dans le parc et, pensant qu'il était rare de voir des vigognes, nous sommes étonnés d'en croiser plusieurs dizaines. Cependant il est vrai qu'elles sont bien plus peureuses et difficiles à approcher que les lamas, normal puisqu'elles vivent ici de manière totalement sauvage. Quelle élégance...
Afin de reconnaitre leurs lamas, les éleveurs leur accrochent des petits rubans, quelle touche ça leur donne ! On cherche les plus rigolos avec leurs couettes roses sur la tête, pauvres bêtes qui nous regardent d'un air suspect...
Le sel recouvre les abords de cette lagune située à plus de 4000m d'altitude, et nous sommes seuls avec quelques vicunas qui nous observent du coin de l'oeil. Un bel endroit pour un pique-nique.
Le lac de Pozuelos sert de refuges à des miliers d'oiseaux et notamment à plusieurs espèces de flamants roses. Ils sont des centaines sur le lac mais il n'est possible de les observer que de loin car ils s'éloignent dès que nous tentons de les approcher, une poursuite sans fin ! Petite question sérieuse dont quelqu'un connait peut-être la réponse, est-ce que c'est vraiment l'absorption de crevettes qui donne leur couleur rose à ces oiseaux ???
Déjà le milieu de l'après-midi, il est tant de reprendre le chemin inverse qui nous mène à Abra Pampa vers 17h. Nous ne sommes pas pressés et les distances sont longues ici (et la nuit tombe vers 18h30), nous restons donc une nuit de plus à Abra Pampa, l'occasion de profiter de la cuisine locale.