Ce matin, c'est le déluge à LanquÃn, la tempête... A 6h30 (mieux vaut être matinal au Guatemala car il y a très peu de bus l'après-midi) nous grimpons dans un bus local pour rejoindre Cobán où nous espérons trouver un bus pour Panajachel. Petit à petit les locaux montent, nous nous serrons de plus en plus et au final nous sommes complètement écrasés les uns sur les autres car il y a trois fois plus de voyageurs qu'il n'y a de place ! Un peu plus et nous nous retrouvons avec les enfants sur les genoux, couleur locale guarantie ! Nos sacs à dos, sur le toit, prennent la pluie, il va falloir que nous trouvions rapidement de gros sacs à viande pour les protéger...
Enfin nous voici à Cobán et après quelques galères nous partons pour Antigua où nous prendrons un autre bus pour Panajachel. Le trajet sous la pluie est interminable... et c'est en ayant mal partout que nous découvrons enfin Panajachel vers 18h le soir, éclairé faiblement à la lumière des bougies ! La tempête a fait tomber des arbres qui ont coupé les lignes éléctriques, aparemment depuis ce matin... Ca a son charme, mais quelle galère de se repérer dans une ville inconnue à la lueur des bougies !
A la lumière du jour, Panajachel nous apparaît comme un village plutôt agréable, certes touristique mais beaucoup moins que nous l'imaginions (sûrement car les fêtes sont passées) et nous dédidons d'y rester quelques jours et de visiter les environs depuis ici.
L'environnement est magnifique... Devant nous s'étend le lac Atitlán, d'un bleu profond, entouré de trois volcans qui se dressent vers les cieux en arrière-plan : les volcan Tolimán, San Pedro et Santa Clara. Cette image sous un ciel bleu et un splendide soleil, entourés de nombreuses femmes Mayas très gracieuses dans leurs vêtements colorés, comment ne pas tomber sous le charme du Guatemala ? Ce pays est une véritable destination culturelle, un dépaysement de tous les instants...
Les rues de ce gros village sont également agréables, à taille humaine et colorées...
Cette région est certainement l'une des plus magnifiques, typique, authentique et colorée du pays. En effet, tout autour du lac se trouvent de nombreux petits villages habités par les tribus Mayas de la région qui vivent encore selon des traditions bien précises et portent de somptueux vêtements aux motifs brodés.
La plupart des villages sont accessibles uniquement en lancha, et c'est ainsi que nous partons à la rencontre des habitants de Santa Cruz la Laguna. Le village se mérite (ça grimpe dur !) mais la vue sur le lac et les volcans est splendide et nous adorons nous perdre parmi les petites ruelles, observant les femmes à genoux qui tissent dans les cours, nous laissant imprégner par la vie simple qui règne ici loin de l'agitation de la ville. Les enfants nous suivent discrètement de loin, timides, puis s'approchent doucement, échangent quelques mots et s'en vont en laissant l'écho de leurs rires derrière eux...
Les femmes d'ici portent sur la tête où dans de grands châles enroulés autour d'elles leurs nombreux vêtements, châles et autres articles qu'elles ont tissées et vont vendre un peu plus loin, dans d'autres villages touristiques, souvent accompagnées de quelques très jeunes enfants . Nous nous attardons à la place centrale, près de la chapelle du seizième siècle. Ici, pas de touristes et une population timide mais souriante, un des villages les plus agréables et paisible des environs...
De retour à Panajachel, nous trouvons un colectivo qui nous conduit au village de Santa Catarina Palopó. Le voyage en lui-même est un dépaysement total, assis parmi les locaux qui parlent leur langue d'origine maya (on en recense 23 différentes, le quiché, le ketchi, le mam...) et nous sourient.
Au village, nous découvrons une population d'une douceur extrême, d'une vraie gentillesse et il suffit de bien peu pour que la discrètion s'atténue et que le visage de ces femmes et enfants s'illuminent d'un sourire éclatant... Ici la couleur dominante est le turquoise, les femmes portent des jupes et des huipiles d'un bleu-vert intense et certaines ont un turban sur la tête. Le plus étonnant pour nous est que les hommes portent également une tenue traditionnelle : un pantalon brodé, maintenu par une écharpe nouée à la ceinture, qui leur arrive au dessus des genoux.
Difficile de ne pas avoir envie d'acheter tout ce que l'on voit, les tissus sont magnifiques ici, et nous craquons pour quelques articles, au plus grand plaisir des femmes qui ne doivent pas en vendre tant que cela, tant elles sont nombreuses à tisser ici...
De retour à Panajachel nous terminons cette journée haute en couleurs, rencontres et émotions en observant le coucher de soleil sur le lac, image gravée à jamais dans nos esprits...
Le sur-lendemain (après avoir été au marché de Sololá la veille), nous partons en bateau vers des villages plus éloignés. Après une heure de navigation nous débarquons à San Pedro, village entouré de champs de caféiers, qui s'étend aux pieds du volcan du même nom. Sur les rives du fleuve, des dizaines de femmes, flanquées de nombreux enfants, lavent à même le lac et à la main les habits, frottant encore et encore durant des heures que l'on imagine éreintantes, ne prêtant aucune attention à leurs longues jupes traînant dans le lac.
Le village est plus développé que les précédents, nous y croisons plus de voitures et de boutiques. Ici ce n'est pas la vie à l'intérieur des cours où des maisons que nous observons, mais celle de la rue, bruyante, agitée.
Les couleurs fusent, les femmes portant toutes de longues jupes décorés de motifs bariolés et des chemisiers bouffants en dentelle. Au marché, c'est la pagaille, l'agitation, les rires se font entendre, les marchandages vont bon train, les odeurs emplissent les lieux...
Nous laissons les habitants à leur tranquilité et reprenons la navigation vers Santiago Atitlán, village idéalement situé entre les volcans Tolimán et Atitlán d'un côté et le San Pedro de l'autre. Le village est touristique mais il suffit de s'éloigner de l'ambarcadère pour découvrir toute la richesse culturelle de cet endroit et la vie du qui s'y écoule.
Ici vivent les indiens Tzutuhil, que l'on reconnaît aux motifs brodés (différents oiseaux et fleurs stylisés) sur les tissus aux couleurs éclatantes qu'ils portent. Les femmes âgées portent également un couvre-chef rouge ou orange, un long bandeau tissé (jusqu'à 4m de long) enroulé sur lui-même et qui forme ainsi une galette. Cela leur donne un port de tête majestueux, une réelle prestance et une identité culturelle que nous respectons et admirons.
Les quelques hommes que nous croisons (la vie des villages s'organisant autour du marché, on y croise surtout des femmes) dégagent également une certaine noblesse dans leur chemise colorée et leur pantalon ample brodés d'oiseaux et de fleurs, maintenu par une ceinture rouge.
Le dernier endroit où nous nous arrêtons est le minuscule village de San Antonio Palopó, où la circulation est quasi inexistante. Le village est niché au fond d'une anse du lac et s'étend en terrasses sur le flanc de la colline.
Ici comme à Santa Cruz les ruelles nous conduident au coeur de l'intimité des gens, nous passons à côté de leurs cours, guidés par les enfants du village pour retrouver notre chemin...
La vie s'organise autour de l'église et nous découvrons ici l'un des peuples les plus accueillants des environs, les femmes nous demandant d'où nous venons, ce que nous avons visité du Guatemala, quel temps il fait en France... Des échanges simples, désintéréssés et des milliers de sourires, quel repos !
Vraiment, la région du lac Atitlán réserve de magnifiques surprises au voyageur recherchant l'authenticité et la simplicité de peuples humbles tout en étant dignes et fiers de leurs traditions. Ici plus que partout ailleurs les traditions et les coutumes se transmettent de génération en génération, et le sens de l'accueil et la gentillesse sont une philosophie de vie, une étape qui ne peut laisser insensible et nous a charmé à bien des niveaux...