Aprés une derniére matinée à San Pedro de Atacama nous prenons le bus de 14h pour Iquique (via Calama). Huit heures de route à travers le désert d'Atacama, si les paysages sont par moments très beaux ils deviennent également vite lassants ! Enfin, 22h, nous arrivons à Iquique, au nord du Chili.
Le lendemain cette ville nous apparaît très spéciale, comme une espèce de remontée dans le temps. La rue Baquedano nous laisse comme une impression de désolation, d'un décor de film qui serait tombé en ruines. Des rails ne menant nulle part sillonnent la ville et derrière les belles façades des maisons en bois colorées (constructions datant de l'époque du salpêtre) se cachent souvent des demeures en ruines. Bref, une ville qui surprend mais nous laisse un sentiment un peu désagréable, on aime ou pas...
Le reste de la ville ne nous inspire pas vraiment non plus malgré la proximité de la mer. La place centrale est plutôt sympa mais sinon il n'y a pas grand chose à y faire et le temps est très gris. Nous décidons de partir dès le lendemain vers les lieux plus intéressants qui se trouvent dans les environs.
Cela revenant moins cher de prendre part à une excursion que de louer une voiture, nous rejoignons d'autres touristes pour une journée qui nous conduira vers les sites les plus intéressants des environs (sauf le Gigante de Atacama). Avec nous, exclusivement des Chiliens (l'extrême nord du Chii est peu courru par les étrangers, ça fait du bien après la foule de San Pedro de Atacama !), l'occasion d'échanges sympas et de troquer l'anglais contre l'espagnol.
Sur la route nous découvrons combien la ville d'Iquique est encerclée par le désert, prisonnière entre lui et l'océan ; une énorme dune de sable pénétre même à la périphérie de la ville. Nous arrivons rapidement à l'usine Santa Laura, en fait il s'agit seulement des vestiges de ce lieu qui était utilisé pour traiter puis exporter le salpêtre entre jusqu'en 1960. D'énormes machines en partie rouillée, du bois qui pourrit, heureusement le site est désormais protégé et la détérioration future devrait être moindre.
D'immenses bâtiments de métal désolés s'alignent ici, en ce lieu qui connut son âge de gloire entre 1880 et 1920 alors que la région appartenait au Pérou (elle devient chilienne lors de la guerre du Pacifique). Des centaines d'hommes travaillaient ici et le guide nous explique les différentes étapes de la fabrication du salpêtre qui était ensuite envoyé par bateau dans différents lieux du monde, notamment aux Etats-Unis. Mais la crise du salpêtre débuta en 1920 lorsqu'il fût rempacé par d'autres produits et l'usine fut abandonnée quelques décennies plus tard.
Quelques objets ayant appartenu aux ouvriers sont rassemblés dans le musée, notamment de vieilles photos en noir et blanc de personnes qui connurent cette époque révolue à jamais.
Non loin de ce site se trouve Humberstone, la ville (aujourd'hui fantôme) où vivaient les hommes qui travaillaient dans les mines et les usines de salpêtre. La construction de cette ville débuta en 1862 autour d'un gisement de salpêtre et abrita jusqu'à 5000 habitants, les employés vivant ici avec toute leur famille.
Les maisons tombent en ruines mais certains bâtiments sont en cours de rénovation afin que ce village témoin du passé continue à vivre.
Depuis la fermeture de la ville en 1960 le village à tout d'une ville-fantôme. Certains objets (mais peu nombreux) y sont restés intacts, nous y découvrons de vieilles photos jaunies, des ustensiles de cuisine, tous ces objets simples d'une vie passée ici pour des centaines de personnes.
Les lieux communs sont plus émouvants encore, notamment l'école où s'alignent tous les pupitres et le grand tableau et où, sur les murs, on peut lire le témoignage d'un des enfants qui s'est assis sur ces bancs à jamais désertés.
Le bar et ses vieilles bouteilles d'alcool encore alignées, la place centrale, le superbe théâtre avec quelques affiches des spectacles qui étaient donnés ici pour divertir les employés le week-end, autant de lieux qui font revivre le souvenir...
La visite vaut vraiment le détour, c'est une plongée dans une autre époque, un instant de vie figé pour l'éternité puisque le site est désormais classé Patrimoine Historique et Culturel de l'Humanité. Et puis la piscine, où l'entrée était plus chère (et donc accessible seulement aux enfants des patrons) juste après que l'eau fut changée pour devenir abordable à tous lorsqu'elle commençait à prendre une couleur douteuse...
Après cet arrêt qui nous a beaucoup touché, nous reprenons la route en direction d'un site extrêmement différent mais également très intéressant, celui des Geoglifos de Pintados. Pour y arriver nous traversons des villages colorés en toits de tôle, lieux surréalistes perdus au milieu du désert d'Atacama, ainsi que le Salar de Pintados.
C'est d'ailleurs au milieu de ce salar que se trouvent ces géoglyphes, de grandes figures qui recouvrent les versants de plusieurs colines.
On compte environ 400 dessins représentant animaux, symboles ou figures humaines, qui dateraient de 1000 à 1400 après Jésus-Christ. Ils sont très clairement visibles depuis la plaine, une belle découverte et l'un des rares sites d'Amérique (avec les lignes de Nazca au Pérou et un autre site aux Etats-Unis) où il est possible d'observer des géoglyphes. En plus le lieu est resté à l'état naturel, pas de restaurants ni magasins de souvenirs alentours et pas grand monde non plus, ce qui accentue le caractère naturel de l'endroit.
Nous reprenons notre route vers l'oasis de Pica, traversant toujours le désert d'Atacama qui s'étend sur plus de 1500 kms...
Puis nous distinguons au loin le village de Pila, un vrai oasis en plein milieu du désert tel qu'on se l'imagine (en bien plus grand quand même !). D'un coup, des arbres, du vert et des fruits en abondance : mangues, pamplemousses, goyaves, maracujas, ananas, fraises, melons, citrons... Après un bon repas (souvent très tard au Chili, il est passé 15h) direction les eaux semi-thermales pour faire trempette et digérer. En fait il y a pas mal de monde et ce n'est pas si chaud que cela !
A côté de l'oasis de Pila se trouve celui de Matilla, un tout petit village qui possède une église avec une Cène grandeur nature à l'intérieur. On y découvre avec étonnement les douze apôtres installés autour de la table !
Dernier arrêt sur le chemin du retour au petit village de La Tirana, village de moins de 500 habitants qui abrite également une belle église. Il n'y a pas foule en ce moment mais pourtant d'ici peu (du 12 au 18 juillet) le village sera envahi par plus de 70000 personnes qui viendront ici rendre hommage à la Virgen del Carmen. Les gens arriveront revêtus de costumes colorés et danseront durant six jours sur des musiques traditionnelles. D'après notre guide c'est une fête religieuse magnifique à ne pas râter pour qui visite le Chili en juillet.
Nous rentrons à Iquique alors qu'il fait déjà nuit, après une journée vraiment intéressante et variée, nous ne regrettons pas d'avoir fait une étape ici malgré le peu d'intérêt que présente la ville en elle-même.