Après une première après-midi passée essentiellement à nous reposer, ce n'est toujours pas la grande forme. Tout est très cher ici (après la Bolivie, ça fait un choc !), mais nous avons choisi tout de même un hôtel avec chauffage le temps de guérir un peu. Heureusement, il fait quand même moins froid qu'en Bolivie (2440m d'altitude "seulement").
San Pedro de Atacama est un petit village perdu au milieu du désert d'Atacama, village aux maisons toutes en adobe, blanches et dégageant du charme. Pourtant c'est surtout le nombre impressionnant de touristes qu'il y a ici que nous en retiendrons, mais où sont donc les locaux (moins de 2000 habitants, et au moins autant de touristes...) ???
Ce village est en effet le principal pôle touristique du nord du pays et, s'il est vrai qu'il y a de beaux sites à voir dans le désert d'Atacama, nous ne comprenons tout de même pas cet engouement, il y a foule d'endroits tout aussi beaux en Amérique du Sud et pourtant bien moins touristiques... Nous nous offrons une journée de plus de repos, sortant juste jeter un oeil à la place principale que borde une petite église très jolie avec sa charpente en bois de cactus, puis au musée archéologique qui évoque l'histoire des peuples du Salar d'Atacama.
Sinon, pas grand-chose à voir dans le village même à part des dizaines de magasins d'artisanat (encore plus cher qu'ailleurs au Chili), les agences proposant toutes des excursions et les nombreux restaurants touristiques qui s'alignent. Vous l'aurez compris, un peu trop touristique à notre goût.
Le soir, nous recroisons Gildas et Caroline, un couple de Français qui font un tour du monde et étaient avec nous lors de la visite des mines de Potosi. On en profite pour aller boire quelques bières ensemble, et, de bières en bières, la soirée se prolonge, à parler voyage bien sûr. Une heure du matin, tous les bars ferment, nous n'avons pas envie de rentrer, quelqu'un nous indique une fête un peu plus loin chez des locaux. Après un bon quart d'heure de marche, nous nous retrouvons dans un lieu un peu bizarre, autour d'un grand feu près duquel discutent locaux et touristes, une occasion sympa de faire connaissance avec les jeunes du coin.
La grippe passe doucement, nous décidons de profiter des paysages environnants le lendemain et nous joignons à une excursion vers la Vallée de la Luna, site situé à 10 km seulement de San Pedro et qu'il faut voir au coucher du soleil. Premier arrêt à un Mirador d'où nous profitons d'une belle vue sur la chaine des Andes et les volcans dont le volcan Lascar qui crache de la fumée en permanence et éruptionne violemment une fois par an environ.
Plus loin, nous marchons dans la Vallée de la Mort, vallée comptant de nombreuses dunes de sable où il est possible de faire du sandboarding (surf sur sable). Ce lieu vaut également pour la vue sur le volcan Licancabur (à la frontière du Chili) et l'oasis de San Pedro de Atacama qu'elle nous offre. Depuis ici nous prenons réellement conscience de l'isolement de ce petit village lové au milieu d'une oasis et perdu au milieu d'un des déserts les plus arides au monde, désert qui reçoit moins de 50 mm de pluie par an et s'étend sur plus de 1500 km de long !
Nous continuons jusqu'à la Vallée des Dinosaures, peut-être le point de vue le plus saisissant avec la route qui traverse les roches colorées et le désert.
Puis nous pénétrons la Vallée de la Lune, là où les roches sont complètement recouvertes de sel. Les parois qui nous entourent sont immenses et, lorsque le silence règne, vous entendez d'énormes crépitement dûs aux bruits que font les cristaux de sel en se dilatant parmi les roches sous les rayons du soleil.
Plus loin se trouvent les Tres Marias, trois pics vieux d'un million d'années qui sont le résultat de l'érosion et sont constitués en partie de sel et de quartz. Malheureusement, l'une des trois Maries est cassée depuis qu'un touriste s'est assis dessus (!!!) et en a brisé également un petit peu le charme...
Puis nous voilà au plein coeur de la Vallée de la Lune, à deux pas du cratère immense qui en constitue le centre. Effectivement, c'est lunaire et la vallée porte un nom qui convient bien aux paysages !
Mais le clou de cette visite (et les agences l'ont bien compris, il y a du monde...) consiste à grimper au sommet d'une des plus hautes dunes de sable en longeant la crête. La marche est courte et facile et la vue d'en haut est assez sympa. Ce n'est pas non plus nos paysages préférés, mais c'est tout de même un lieu à ne pas rater.
Lorsque le soleil se couche les montagnes environnantes prennent des teintes roses et rouges tout à fait surprenantes avec la lune qui domine le tout, une chouette image à partager avec la foule.
Retour à San Pedro de Atacama où nous profitons à nouveau de la nourriture chilienne, notamment ces churrascos completos, délicieux sandwichs de viande recouverte de sauce d'avocat, ça nous avait manqué ! Les restaurants ont la bonne idée de compenser le manque de chauffage par d'immenses feux de bois ou de cheminées conviviaux qui sont les bienvenus...
Le lendemain, c'est en passant par une agence locale que nous partons découvrir le Salar d'Atacama et les lagunes Miscanti et Miniques. Avec nous, toujours une majorité de Français (très nombreux en Amérique du Sud), sympas cette fois encore, et un guide bien dynamique.
C'est très sec... mais réellement impressionnant ! Et le ciel est toujours d'un bleu pur, c'est est presque aveuglant. C'est d'ailleurs cette région qui a été choisie pour établir le plus grand radiotélescope jamais construit au monde (projet international) qui sera opérationnel en 2012 si tout va bien.
Après 70 km de route et une belle vue sur le volcan Lascar, volcan actif, nous arrivons au coeur du Salar d'Atacama, le plus grand salar du Chili qui s'étend sur 320000 ha. Le lieu est bien moins impressionnant que le Salar d'Uyuni en Bolivie, sûrement car ici le sel n'est pas blanc mais marron et le sol n'est pas lisse mais composé de croûtes de sel. N'empêche, cela vaut tout de même le coup d'oeil.
Impossible de circuler à sa guise sur ce salar qui est protégé, mais nous pouvons tout de même accéder à la lagune Chaxa, un centre de nidification de flamands roses. Ils sont tout proches et le lieu dégage bien du charme à 2300m d'altitude sous un soleil éclatant. Il y a plusieurs sortes de flamands roses qui vivent sur l'Altiplano et nous avons observons ici deux espèces, les Flamengos Chilenos (complètement roses) et les Flamengos Andinos (les mêmes qu'en Bolivie, avec la queue noire).
Ces flamands roses se nourrissent de minuscules crevettes que l'on trouve par milliers à proximité de la surface de l'eau.
En route pour le clou de la journée, la lagune Miscanti. En chemin, nous nous arrêtons pour observer les nombreux volcans présents dans ce désert et notamment le volcan Miscanti et ses champs de lave. Quel silence ici, au milieu de ces paysages lunaires...
Mais ce n'est rien par rapport au calme qui règne à la lagune Miscanti, à plus de 4000m d'altitude. Les lieux sont en partie sous la neige, bientôt tout sera gelé, et pourtant les couleurs éclatent. Cette lagune appartient au parc national Los Flamencos, mais nous n'en observons pas en ce moment car ils ne trouveraient pas de nourriture ici.
Un lieu apaisant, et nous sommes presques seuls sur le site pour profiter du silence et de cette sensation d'espace sans limites qui règne ici...
Les lieux sont protégés et complètement laissés à l'état naturel, aucun magasin ou hôtel, et c'est tellement mieux ainsi. Seuls quelques vigognes et renards vivent ici, ces derniers malheureusement attirés par des touristes pas très malins qui les nourrissent. Affamés, ils s'approchent alors des hommes pour quémander, mais heureusement les gardes du parc veillent à empêcher les touristes de les nourrir (lorsqu'ils les voient).
A peine plus loin se trouve la lagune Miniques, alimentée en eau par une coulée souterraine provenant de la lagune Miscanti, plus grande. Ici aussi des paysages très purs et un silence d'une rare intensité !
Crapahuter dans la neige à plus de 4000m d'altitude, ça creuse et le repas chaud préparé pour nous dans un petit restaurant de Socaire est le bienvenu (il est déjà 15h30). L'occasion d'un repas sympa avec un couple de Français qui fait également un tour du monde (nous en croisons beaucoup en ce moment !) sous les yeux ébahis de Brésiliens qui nous trouvent bien chanceux en France... Ce village possède deux toutes petites églises ravissantes dont le toît est en bois de cactus.
Puis retour au milieu du désert d'Atacama, à travers des paysages où les volcans se comptent par dizaines.
Dernière étape à Toconao, petit village à presque 2500m d'altitude, situé dans une oasis. Ce tout petit village (500 habitants) composé de maisons en pierre blanche volcanique possède lui aussi une ravissante église qui date du début du dix-huitième siècle. Et comme il est situé en plein dans une oasis, nous partons découvrir un peu les arbres fruitiers qui poussent ici (mangues, oranges, citrons, papayes...), étonnés de voir autant de verdures dans un paysage habituellement si gris !
Il est déjà tard lorsque nous rentrons à San Pedro de Atacama de nuit, après une dernière vue sur le volcan Licancabur, mais la journée était très chouette.
Plus de place dans le bus qui part demain pour Iquique, il nous faudra attendre lundi. N'ayant pas le courage de nous lever à trois heures du matin pour réaliser une excursion vers les geysers du Tatio (surtout que nous en avons déjà vu en Bolivie et surtout à Yellowstone), ce sera l'occasion d'une nouvelle grâce matinée et d'une journée calme dans le petit village de San Pedro de Atacama.