C'est donc dans un 4x4 où nous sommes huit (6 touristes, un chauffeur et sa femme cuisinière) que nous démarrons cette aventure de trois jours (en fait à peine plus de deux puisque nous arriverons le sur-lendemain à midi) qui nous mènera à San Pedro de Atacama (au Chili) aprés avoir traversé les Salars d'Uyuni et le Sud Lipez. En route pour ces paysages ionoubliables et incontournables pour qui voyage en Bolivie !!!
Le Salar n'est pas situe trés loin d'Uyuni mais nous nous arrêtons tout d'abord à Colchani, un petit village où la majorité des habitants travaillent à l'extraction du sel du Salar. L'une de ces personnes nous explique comment cela se déroule : tout d'abord rassembler le sel en petites pyramides sur le Salar (nous les verrons effectivement), le laisser sécher puis le ramener à l'usine, l'étendre et laisser de nouveau l'eau s'évaporer durant trois jours puis rajouter de l'iode et enfin préparer les sachets. Un travail plutôt harassant et mal payé...
Si la majorité du sel sera vendu, une partie est également utilisée pour bâtir les maisons et nous visitons notamment un musée construit entièrement en sel dans lequel nous observons plein d'animaux et autres sculptures... en sel évidemment ! Et bien sûr les habitants vendent également une foule de petits objets en sel vraiment jolis et bon marché, une idée sympa.
Et puis le Salar d'Uyuni apparaît, à 3650m d'altitude... Nous voici approchant du plus grand désert de sel du monde, 11500 km carrés (soit l'équivalent de deux départements français) d'une blancheur immaculée à perte de vue, de quoi vous enlever tous vos repères, d'autant que les effects d'optique y sont impressionnants. Nous passons à côté de quelques hommes travaillant à former les pyramides de sel justement, hommes qui piochent, creusent et entassent du sel pour un salaire peu élevé et qui, malheureusement, ignorent bien souvent que le contact répété avec ce sel non iodé favorise des maladies comme le crétinisme.
Ils ignorent certainement aussi que selon les experts c'est plus de la moitié des réserves de lithium du monde qui gît sous cette couche de sel... Pour l'instant le site est protégé mais un jour sûrement tout sera bouleversé. Et oui, la Bolivie est l'un des pays du monde qui possède le plus de richesses naturelles, un capital énorme et peu exploité mais c'est pourtant le pays le plus pauvre d'Amérique du Sud et l'un des plus corrompus. Certainement car cela empêche au peuple d'en profiter mais sert d'autres intérêts, ce pays étant extrêmement convoité, les nombreuses attaques dont il a été la victime depuis son indépendance en étant l'une des preuves.
Nous reprenons la route pour visiter un hôtel de sel aujourd'hui transformé en musée. Il n'ya pas si longtemps il était possible de dormir dans cet environnement où les murs, tables et chaises sont en sel, expérience certainement étonnante même s'il doit faire plus que frisquet là -dedans ! Cet endroit n'en reste pas moins rempli de charme.
Plus nous nous enfonçons au milieu du Salar plus les lieux deviennent magnifiques, l'espace y est tellement infini que nous nous retrouvons cette fois complètement seuls. Le 4x4 qui avance à fond parmi une blancheur immaculée, sensation vertigineuse...
Pourtant nous déchantons vite, le 4x4 fait une énorme embardée, une forte odeur de brûlé arrive jusqu'à nous, en fait rien de grave nous avons simplement crevé mais dans la foulée le pneu s'est complètement tordu et a brûlé, abimant aussi la gente. Leonardo, notre chauffeur, a l'air plutôt inquiet mais pour le moment il change seulement le pneu ; il passera pourtant une bonne partie de la nuit suivante à tout redémonter pour réparrer d'autres dégâts...
A ce moment-là nous réalisons la solitude absolue dans laquelle nous nous trouvons. Aucun véhicule ne passe, aucune habitation bien sûr, seulement le Salar sous un ciel d'un bleu pur que ne trouble aucun nuage, les lieux sont magnifiques et nous profitons de cette pause imprévue pour nous remplir les yeux de ces images insolites... C'est sûr, c'est 100 fois plus beau que les Salinas Grandes en Argentine, plus de doute !
Léonardo conduit bien plus doucement cette fois, il faut dire que si sur le coup il tente de nous rassurer il nous dira plus tard avoir été assez inquiet car il n'a pas d'autre roue de secours ni de radio (malin, ça...). Ce qui nous fera repenser à notre aventure en Argentine et nous imaginons très bien la galère où nous aurions pu nous retrouver... Mais nous arrivons sans encombres à l'isla del Pescado, une île remplie de miliers de cactus gigantesques et qui semble déposée comme par erreur au plein milieu du Salar d'Uyuni.
Nous marchons une petite heure à la rencontre des plus belles vues sur le Salar qui s'étend à nos pieds à 360 degrés, derrière les cactus qui atteignent jusqu'à 12m de haut en premier plan. On se croirait au dessus des nuages, d'un océan ou dans une autre galaxie, à chacun son inspiration... Une fois ici, vous oubliez tout, y compris toutes les nuits froides que vous devez endurer en Bolivie pour profiter de ces images. Bien sûr nous ne sommes pas seuls mais il n'y a vraiment pas foule non plus et c'est dans un silence respectueux que nous profitons de ces paysages et faisons le vide dans nos têtes.
Après un repas chaud en plein air préparé par Barbara nous observons tous les touristes qui s'amusent à prendre des photos dans des pauses extravagantes. Il faut dire que les effets d'optique et la blancheur du lieu s'y prêtent bien mais le soleil n'est plus vraiment au rendez-vous pour faire de belles photos alors nous préfèrons nous éloigner un peu pour profiter des lieux dans la solitude.
La journée est passée en un éclair, il est tant de rejoindre l'hôtel où nous passerons la nuit, juste à la sortie du Salar. Pas d'eau chaude bien sûr et encore moins de chauffage, même dans les parties communes, et il peut faire jusqu'à moins 15 degrés la nuit ! Et oui, venir ici ça se mérite réellement, il ne faut pas espérer le moindre confort, ceci quelle que soit l'agence avec laquelle vous partez (nous sommes très nombreux à nous retrouver dans cet hôtel, et apparemment d'autres sont bien pires encore...). Allez, dernière image du coucher de soleil sur le Salar pour se consoler !
Nous nous regroupons dans la salle commune et passons une soirée sympa à faire connaissance avec les autres voyageuses qui nous accompagnent, gardant tous polaires, gants et bonnets en attendant la soupe qui nous réchauffe l'espace de quelque minutes seulement... Le froid nous pousse à ne pas trop tarder, d'autant que nous nous réveillons à 6h demain matin !