Nous choisissons de rejoindre la ville de Granada en empruntant les bus locaux, bien plus économiques que les minibus touristiques affrétés par les agences. Et puis il nous semble que sans utiliser les moyens de transports locaux on ne visite pas véritablement un pays, pas de la même manière du moins. Bien sûr, cela demande plus de temps et moins de confort, mais quelle importance ?
Dès que nous mettons un pas dehors, les taxis se ruent sur nous (sans exagérer !) pour nous emmener au terminal de bus, direction Managua dans un premier temps, dans un bus plus que bondé envahit de musique et d'odeurs de nourriture. A Managua, il nous faut changer de terminal, nous en profitons pour manger un bout dans une petite comida locale, et c'est reparti pour un nouveau trajet.
Nous arrivons à bon port en début d'après-midi et trouvons un petit hôtel dans le centre de Granada, ville qui nous fait d'entrée très bonne impression avec ses nombreuses calèches tirées par des chevaux. Et effectivement, Granada restera à nos yeux l'une des plus belles villes d'Amérique Latine, de celles où l'on prend plaisir à rester plus longtemps que prévu, où l'on se sent bien... Certes, elle est touristique mais cela ne gâche rien au plaisir et les locaux sont restés agréables avec les étrangers.
Et puis difficile de ne pas avoir envie de venir ici, Granada a vraiment du cachet. Une ville à taille humaine, en cours de restauration, entourée par le lac Nicaragua et le volcan Mombacho que l'on découvre avec joie au hasard des rues, des charmantes places ombragées, d'une propreté exemplaire (plutôt rare en Amérique centrale !), des ruelles pavées qu'il fait bon arpenter à la recherche des maisons basses les plus colorées, maisons aux toîts exclusivement en tuiles qui donnent tant de charme aux rues... Et puis Granada a une histoire, un passé mouvementé, et fut d'ailleurs déclarée Patrimoine historique et culturel du Nicaragua en 1995. Du haut de ses 483 ans d'existence, elle est ainsi la plus vieille ville du continent qui existe encore sous son nom et à son emplacement d'origine.
Vous l'aurez compris, Granada est une ville dont le charme colonial ne peut laisser indifférent. Nous prenons notre temps pour en visiter les différents quartiers, les découvrant petit à petit, sachant que cette ville est notre camp de base mais que nous visitons également les environs durant la journée (cf. étape suivante). En tout cas, un peu comme au Mexique, nos pas nous ramènent irrémédiablement du côté des terrasses de la place centrale pour de délicieux tails en musique...
Le parc central (dit Parque Colón) constitue effectivement le coeur de la ville, la plupart des édifices coloniaux ou néoclassiques se situant à proximité. La cathédrale, plutôt récente (reconstruite en 1880 suite à la destruction du bâtiment d'origine) dénote avec sa facade de couleur jaune. Cette teinte surprend au début mais, au final, rajoute à la couleur et à la gaieté des rues.
Non loin se dresse l'Obélisque de la place de l'Indépendance, édifié en 1921 pour célébrer le centenaire des héros de l'indépendance. D'autres beaux éfifices coloniaux sont remarquables, comme la "Casa de los Tres Mondos" ou le "portal de los Leones".
Allez, gardons-en pour demain ! Et puis, quand le soleil décline, il fait bon prendre le frais en terrasse ou, mieux, diner dans l'un des patios magnifiques et superbement aménagés autour d'une fontaine centrale et de plantes exubérantes, que dévoilent de nombreux restaurants du centre. Certains, tenus par des étrangers, servent même du vin rouge très bon marché pour accompagner de bons petits plats européens (les plats traditionnels d'ici sont souvent à base de poulet, riz et haricots rouges), le top !!!
Mais malheureusement Granada est également une ville très pauvre, cela saute aux yeux. Les enfants sont très nombreux à vendre de menus objets ou à mendier jusque tard dans la nuit et le niveau de vie ne doit pas être bien élevé... Malgré cet état de fait, les Nicaraguayens sont agréables avec les étrangers et le pays est le plus sûr d'Amérique Latine, ce qui nous fait respecter davantage encore ce peuple.
Le lendemain, nous découvrons le sud de la ville, rejoignant l'église de la Guadalupe par des rues en cours de restauration. La position stratégique de cette église, située à l'entrée de la ville et proche du port, lui a longtemps valu, au temps de la colonie, d'être la proie de nombreux pirates. Au retour nous faisons un crochet vers le couvent et l'église de San Francisco, l'un des édifices les plus anciens d'Amérique centrale d'où Fray Bartolomé de las Casas prêcha et défendit la cause des indigènes puis rejoignons un tout autre quartier où domine l'église de la Merced, superbe.
L'une des plus belles vues qui nous restera de Granada est peut-être celle que nous découvrons depuis le sommet de celle-ci. La vue panoramique sur les toits de la ville, le lac Nicaragua et les volcans en arrière-fond est magique. Les toits sont complètement imbriquées les uns aux autres, et la notion de cuadra (ici, on vous indique les distances en nombre de cuadras, soit en nombre de blocs de maisons à traverser) prend tout son sens ! Un vrai labyrinthe de tuiles... et de magnifiques patios que l'on devine au centre des cuadras. Observer l'agitation de la ville d'en haut du campanile au son de la cloche qui vous étourdit les oreilles est inoubliable et nous fait aimer davantage encore Granada... Waaaaouhh !!!
Allez... un dernier petit tour pour admirer l'église Xalteva et la forteresse La Polvara et il est l'heure d'aller boire notre petite margarita qui annonce le début de la soirée...
Vraiment, Granada s'avère être un point de chute idéal pour découvrir le Nicaragua, d'autant que nombre de sites intéressants du pays sont situés dans les proches environs.