Ce matin, nous sommes plutôt pressés de quitter "l'hôtel" miteux où nous avons passé la nuit. Les bus étant rares en centre-ville, c'est en taxi que nous rejoignons le terminal de bus pour León, notre prochaine étape. Difficile de comprendre comment le taxi arrive à rouler vu son état, et, de plus, il crève 100 mètres plus loin !!!
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Mais c'est vite réparé et nous voilà à destination. Sous un soleil de plomb, nous nous joignons aux dizaines de personnes qui attendent un minibus pour León. C'est toute la vie quotidienne des Nicaraguayens, toute la pauvreté aussi malheureusement qui s'étale dans cet endroit où nous attendons tous dans la poussière. Sur ce sol en terre battue, un vieillard installe un branchement électrique de fortune à un pylone électrique pour voir si la vieille cafetière qu'il a trouvé fonctionne, les chauffeurs de taxis klaxonnent et slaloment dangereusement parmi bus et voitures, des filles en talons aiguilles dans ces rues en terre nous proposent sans cesse des chewing-gums ou boisoons, les enfants ramassent les ordures qui jonchent le sol ou mendient... Les images sont dures, le Nicaragua étant le pays le plus pauvre d'Amérique Centrale et, dans la moiteur de cette rue, difficile de se croire au 21ème siècle...
Notre tour arrive, nous nous serrons dans le minibus où nous avons à peine la place de bouger, parmi le caquètement des coqs qui menacent sans cesse de s'envoler et de s'enfuir par la fenêtre (c'est folklo !!!) et les sacs de jute remplis de légumes secs. Le trajet est pénible mais ne dure qu'une heure trente pour nous alors que c'est la vie de beaucoup de Nicaraguayens qui se déroule ainsi...
C'est sous un soleil écrasant que nous rejoignons le centre de León et, pour une fois, nous ne regrettons pas l'absence d'eau chaude (quasi inexistante depuis le Guatemala). Puis nous arpentons les rues de cette ville coloniale considérée comme la plus belle du pays.
Nous nous sentons de suite bien à León ; il fait bon flâner à la découverte des plus belles églises de cette ville colorée, calme et apaisante, où la population, plutôt sereine, vaque tranquillement à ses occupations journalières.
La ville est porteuse d'une histoire lourde puisque c'est ici que la révolution sandiniste établit un gouvernement provisoire en 1979, peu après la fin de la dictature des Somozas (période tragique qui dura 40 ans et laissa de lourdes traces). De nombreux slogans et images révolutionnaires sont d'ailleurs affichés ou peints sur les murs de la ville ; de belles fresques murales retracent ainsi toute l'histoire du Nicaragua (révolte indigène, anéantissement de leur culture, indépendance, lutte pour l'autonomie universitaire, contre la dictature somoziste et espérance d'une paix prochaine...).
León eut également à lutter contre de terribles éruptions volcaniques qui la détruisirent à plusieurs reprises. La chaine de volcans des Maribios (qui compte neuf volcans dont certains en activité) entoure en effet la ville, laissant planer au dessus d'elle une menace permanente.
Pourtant la vie s'écoule paisiblement autour de la place centrale, au pied de l'imposante cathédrale à la façade plutôt détériorée mais qui représente un bel exemple d'architecture léguée par les Espagnols. Cet édifice abrite également les tombes de poètes, musiciens et héros de l'indépendance.
Au nord, l'église de La Merced, construite en 1762 avant d'être détruite puis rebâtie, attire l'oeil. On trouve à l'intérieur l'image de la Vierge de la Merced, le symbole de la ville. Le théatre et la façade jaune de l'église de la Recolección sont peut-être plus photogenique encore...
Nous terminons notre découverte de la ville (qui compte pas moins de 16 églises !) en admirant la facade de l'église du Calvaire, l'une des plus attachantes peut-être, en partie car située en retrait autour d'une belle petite place tranquille.
Cette ville a vraiment tout pour nous plaire et nous nous renseignons pour approcher de près les volcans environnants demain. En attendant, León compte de charmants et délicieux petits restaurants où il fait bon s'attarder. La fraicheur du soir, les tons chauds et les hauts plafonds des anciennes bâtisses coloniales, la bière locale, une nourriture simple mais très bonne (ça change du Honduras !), des gens agréables et une ambiance détendue, le Nicaragua a tout pour nous retenir !